Make movement: pour la solidarité et des pratiques artistiques éthiques

Door Choreographers' Statement, op Wed Sep 19 2018 22:00:00 GMT+0000

Des chorégraphes, travaillant en Belgique, se déclarent solidaires avec l'appel d'action dans la lettre ouverte de vingt (ex)collaborateurs de Jan Fabre. "Nous ne détournerons plus la tête. Nous nous engageons à un effort collectif pour atteindre un environnement de travail sain dans le champ des arts de la scène."

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La semaine dernière, une lettre ouverte était publiée par rekto:verso. Vingt (anciens) employés de Jan Fabre y évoquaient des comportements abusifs, dont ils ont été victimes ou témoins, au sein de la compagnie Troubleyn.

Cette lettre paraît pratiquement un an après l’article #Wetoo: What Dancers Talk About When They Talk About Sexism, dans lequel des danseurs décrivaient des abus de pouvoir routiniers, souvent rendus possibles par des éléments structurels du secteur des arts de la scène.

La lettre ouverte se termine par cet appel aux armes: « Nous demandons à la communauté artistique de soutenir et de s’engager dans cette discussion. Nous demandons au conseil d’administration de Troubleyn de prendre ses responsabilités. Nous demandons également au gouvernement et à ses institutions de réfléchir au rôle qu’ils ont à jouer pour amener les individus et les organisations à rendre des comptes. »

Afin de résoudre les problèmes qui existent dans notre secteur, nous devons d’abord les nommer et les reconnaître avec courage et lucidité.

Nous – chorégraphes travaillant dans la communauté artistique belge – prenons cette invitation très à cœur et offrons pleinement notre soutien et notre solidarité à tous les performeurs et employés qui ont témoigné.

Afin de résoudre les problèmes qui existent dans notre secteur, nous devons d’abord les nommer et les reconnaître avec courage et lucidité. Tout en tenant compte de la diversité de nos pratiques chorégraphiques, nous voulons affirmer d’une seule voix que le respect et le bien-être de tous nos collaborateurs est un objectif que nous devons nous efforcer d’atteindre à chaque étape du processus de production.

Il est avéré que le sexisme, le harcèlement sexuel et les abus de pouvoir existent dans toutes les parties de la société, et malheureusement aussi dans notre domaine. Dans ce secteur comme ailleurs, ils peuvent affecter les individus concernés, quel que soit le genre auquel ils s’identifient et quel que soit le rôle qu’ils occupent – artistique, administratif ou institutionnel.

Nous voulons lutter toujours pour des conditions de travail dans lesquelles le bien-être de chaque collaborateur est de la plus haute importance.

Nous devons reconnaître que toute position de leadership dans un processus créatif comporte au minimum la potentialité d’un abus de pouvoir. Nous voulons nous distancer vigoureusement de toute forme d’abus de cette sorte et lutter toujours pour des conditions de travail dans lesquelles le bien-être de chaque collaborateur est de la plus haute importance. Il ne s’agit pas de limiter la liberté artistique ; il s’agit de créer un espace dans lequel tous sont libres de créer sans peur, douleur ou humiliation.

Nombreux sont ceux qui, dans ce secteur, ont fait des efforts considérables pour travailler de façon éthiquement acceptable. Il y a des modèles de bonne pratique dans ce champ sur lesquels nous pouvons nous fonder. Nous devons accentuer et encourager les bonnes pratiques tout en admettant ouvertement nos erreurs.

Cependant, nous devons reconnaître que nous avons fait partie d’un système dont certaines sections ont toléré silencieusement, et même rendu possible, des comportements répréhensibles. Nous présentons nos excuses pour chaque occasion où notre solidarité a fait défaut. Nous ne détournerons plus la tête.

Nous sommes ouverts à l’idée que les décisions relatives au soutien que les artistes reçoivent devraient prendre en compte les considérations de pratique éthique.

Ces derniers jours, nous avons assisté à un déferlement d’opinions. Lars Kwakkenbos a appelé le champ artistique à reconnaître et à combattre les abus et le harcèlement, peu importe les risques de conséquences potentielles. Ignaas Devisch souligne que l’art qui défie les frontières devrait être possible sans résulter d’un environnement de travail violent. Petra Van Brabandt et Bieke Purnelle ont écrit sur la façon dont les questions d’égalité de genre, de diversité, de durabilité environnementale et de pratiques éthiques peuvent entrer en compte dans les procédés d’évaluation et de financement d’un travail potentiel, comme c’est le cas dans d’autres pays. Au cours de l’année dernière, le mouvement Engagement Arts a largement contribué à attirer l’attention sur ces problèmes et à soutenir la solidarité parmi les danseurs du secteur.

Nous faisons écho à toutes ces voix. Ceci est le début d’un débat dans lequel nous devons tous, à présent, nous engager pleinement.

  • Nous devons assumer les responsabilités de notre secteur – et toutes ses erreurs – sans crainte des conséquences potentielles.

  • Nous sommes ouverts à l’idée que les décisions relatives au soutien que les artistes reçoivent devraient prendre en compte les considérations de pratique éthique et nous sommes ouverts à ce que ce sujet soit un point d’intérêt pour les commissions consultatives.

  • Nous voulons collaborer avec le gouvernement et oKo afin de trouver des outils permettant de développer et de « mesurer » les bonnes pratiques – sans en arriver à devoir « cocher des cases », mais en faisant une tentative moralement sérieuse d’agir à partir d’une conception transparente de l’éthique professionnelle, du respect et de l’intégrité, ainsi que de soutenir et de nous inspirer des modèles de bonne pratique.

  • Nous devons soutenir, protéger et encourager ceux qui ont le courage de témoigner de leur expérience. Toujours et sans exception. Même quand cela signifie faire face à des vérités difficiles à entendre et réparer nos propres déficiences.

Il est essentiel que cette prise de conscience soit suivie d’actes. Nous sommes prêts à discuter des formes que cette action peut prendre mais nous proposons une série de réunions visant à créer un ensemble de principes clairs pour guider les bonnes pratiques – et de conclure dans les six prochains mois au plus tard.

Nous en appelons aux autres secteurs de travail, en Belgique et au-delà, afin qu’ils prennent de même leurs responsabilités.

Nous nous engageons à un effort collectif pour atteindre un environnement de travail sain dans le champ des arts de la scène. Nous en appelons aux institutions artistiques, qui travaillent souvent dans une situation moins précaire que les artistes indépendants, afin qu’ils nous soutiennent dans ces engagements. Et nous en appelons aux autres secteurs de travail, en Belgique et au-delà, afin qu’ils prennent de même leurs responsabilités.

Nous reconnaissons et nous nous attaquons collectivement aux problèmes urgents que le mouvement international #metoo a mis en lumière. Ensemble nous pouvons en finir avec la culture du silence.

Nous pouvons uniquement prendre soin de notre scène artistique lorsque nous prenons soin de toutes les personnes impliquées dans la création de l’art.

« Ensemble, nous ne soutiendrons plus une culture de l’hypocrisie et du déni au nom de l’art. Ensemble, nous travaillerons à une conception plus inclusive de la liberté artistique. »

Adaline Anobile
Adva Zakai
Agostina D’Alessandro
Albert Quesada
Alexander Vantournhout
Alma Söderberg
Anabel Schellekens
Andrew Hardwidge
Angela Rabaglio
Anneleen Keppens
Anne-Lise Brevers
Arkadi Zaides
Asher Lev
Ayelen Parolin
Bára Sigfúsdóttir
Barthélémy Manias-Valmont
Begüm Erciyas
Benjamin Vandewalle
Billie Hanne
Bryana Fritz
Caroline Dhaese
Charlotte Goesaert
Charlotte Vanden Eynde
Chloé Geers
Claire Croizé
Colline Etienne
Daniel Linehan
David Weber-Krebs
Dolores Hulan
Eddie Oroyan
Eleanor Bauer
Elisa Evelyn
Elisabeth Borgermans
Eric Minh Cuong Castaing
Esse Vanderbruggen
Etienne Guilloteau
Evelyne Van Hecke
Femke Gyselinck
Filip Van Huffel
Florencia Demestri
Franck Chartier
Gabriela Carrizo
Gabriel Schenker
Gaël Santisteva
Gaëtan Rusquet
Gala Moody
Grace Ellen Barkey
Harold Henning
Heike Langsdorf
Heine Avdal
Helder Seabra
Igor Shysko
Ine Claes
Inga Huld Hákonardóttir
Ingrid Berger Myhre
Iris Bouche
Jan Lauwers
Jan Martens
Jason Respillieux
Javier Suarez
Johann Fourrière
Joke Laureyns
Jonas Chéreau
Jonathan Burrows
Jordi Vidal
Jorge Guevara
Juliane von Crailsheim
Julie Bougard
Justine Maxelon
Karine Ponties
Karin Verbruggen
Karolien Verlinden
Kate McIntosh
Katie Vickers
Katrijn De Cooman
Kevin Jean
Kinga Jaczewska
Koen Augustijnen
Koen De Preter
Kwint Manshoven
Lara Barsacq
Léa Drouet
Leslie Mannès
Lien Meer
Lilia Mestre
Lisa Vereertbrugghen
Lisbeth Gruwez
Lise Vachon
Lisi Estaras
Liz Kinoshita
Louise Baduel
Louis Vanhaverbeke
Louise Vanneste
Luce Goutelle
Maarten Seghers
Manon Santkin
Marc Vanrunxt
Marcos Simoes
Marcus Baldemar
Marielle Morales
Maya Oliva
Meg Stuart
Mehdi-Georges Lahlou
Mercedes Dassy
Meri Pajunpää
Mette Edvardsen
Mette Ingvartsen
Meytal Blanaru
Micaël Florentz
Michiel Reynaert
Michiel Vandevelde
Mirte Bogaert
Mohamed Toukabri
Moya Michael
Nathalie Rozanes
Nelle Hens
Néstor García Diaz
Nick Coutsier
Ondine Cloez
Olympe Tits
Peter Jasko
Peter Savel
Pieter Ampe
Pol Coussement
Radouan Mriziga
Regina Janzen
Rósa Ómarsdóttir
Sabine Molenaar
Salva Sanchis
Samuel Lefeuvre
Sanja Mitrovic
Sara Manente
Sara Sampelayo
Sara Vanderieck
Sarah Bostoen
Seppe Baeyens
Serge Aimé Coulibaly
Sidi Larbi Cherkaoui
Sidney Leoni
Siet Raeymaekers
Simona Soledad
Sofie Saller
Stav Yeini
Stef Meul
Steven Michel
Susan Quinn Eckart
Tamara Alegre
Talitha De Decker
Tamara Bacci
Thomas Hauert
Thomas Steyaert
Tuur Marinus
Ugo Dehaes
Ula Sickle
Varinia Canto Vila
Vera Tussing
Victor Pérez Armaro
Wim Vandekeybus
Youness Khoukhou
Yukiko Shinozaki
Zoltan Vakulya


Les chorégraphes qui souhaitent joindre leur signature à la nôtre peuvent écrire à a.choreographers.statement@gmail.com